Aux innocents les mains pleines.

Pseudo/prénom + Suika, mais née Romane Âge + j'suis bientôt majeure dans le monde entier, ça fait peur.  Un mot sur le forum ?    Personnage + inventé. Un dernier mot ? j'lèche les fesses de momo moi d'abord.

« T’as vu ? C’est les jumeaux Fawkes. » Ils marchent, côte à côte, foulant l’herbe jaune de Poudlard, mois d’octobre, l’automne est là, emmitouflés dans leurs capes noirs. « Elle est tellement belle. J’suis sûr que je peux l’avoir d’un claquement de doigt, t’as vu comme elle est fringuée ? » Asaël fronce les sourcils. Il déteste qu’on parle de sa soeur, sa jumelle comme d’un vulgaire morceau de viande. Elle est belle. Tellement belle. Et elle le sait. Elle aime plaire aussi, mais Asaël sait qu’elle n’est pas cette fille facile dont tout le monde pense pouvoir avoir. « Vrai. Puis bon, son jumeau là, il est fade, on a toutes nos chances. » La brune presse sa main contre son avant-bras. Elle, elle sait qu’il est tellement plus. Son Asaël, la couleur de ses nuits, le héros de ses histoires. Ils s’aiment d’un amour fraternel qui défie toute gravité. Ils sont en dernière année à Poudlard. Ils savent qu’une fois finie, ils s’envoleront pour l’Amérique. Business familiale oblige. Mais Asa, il est heureux. Parce qu’il va pouvoir changer d’horizon. Pourtant, la guerre est finie depuis longtemps, il n’était qu’enfant. Mais encore aujourd’hui, certains le prennent, lui et sa famille, pour des sangs-purs adorateurs. De leur vieille famille, eux issus d’un mariage arrangé, tout porte à croire qu’ils sont ainsi faits. Mais Asaël, il s’en fout. Il s’en fout de tout ça. A dix-sept ans, tout ce qui l’intéresse, c’est ses manuels, ses potions et la musique. Alors il n’attend qu’une chose, finir son année et s’envoler très loin.

Ses jambes se balancent au-dessus de son balcon, sa main gratte les cordes, il est concentré. Tellement qu’il n’entend pas les doux pas venir derrière lui. Mais il la sent. Sixième sens, amour inconditionnel, elle est là. Derrière lui, les bras croisés dans son dos, elle attend. Elle ne veut jamais le déranger quand il joue de la guitare. La seule chose au monde qui la calme, qui la fait se sentir vivante. C’est lui. Alors il termine son morceau, ses yeux fermés. Il aime joué pour elle. De toute façon, il donnerait sa vie pour elle. « Viens. » Elle s’approche, doucement, et vient s’asseoir à ses côtés, se cramponnant à la barrière, elle n’a jamais été à l’aise avec le vide. « Tu sais, je suis amoureuse. » Il sourit. Elle a toujours été du genre à s’enflammer, à éprouver des sentiments tellement forts. Elle est la seule des deux à s’accrocher autant. Et lui, il aimerait pouvoir être comme ça. Ressentir cet amour si fort. Elle lui en parle tellement. Mais il ne parvint pas à placer une fille au-dessus du reste. Mission impossible. Alors il se contente de vivre par procuration. « Tu ne le serais pas, je me ferais du soucis. » « Oh arrête ! T’es pas drôle. » Pourtant, elle rit. Et elle se confie. Il est grand, brun, ténébreux et elle se demande si il ne la mène pas en bateau. Mais en vrai, elle s’en fout. Parce qu’elle vit. Et lui, il l’écoute, faisant rouler la cigarette entre ses doigts. Son seul vice. La nicotine qui parcourt son corps, qui encombre ses poumons mais qu’il accueille avec tant d’empressement. « Bon, c’est pas tout ça, mais maman fait de nouveau une crise. Elle a trop bu, on ferait mieux d’appeler papa. » Asaël se relève, dépose sa guitare sur son lit et suit sa soeur dans l’énorme manoir qui leur sert de maison. Il aime sa mère aussi, mais elle est faible. Tellement. Et son père n’en peut plus. Forcée d’épouser un homme qu’elle n’a jamais aimé, son amour perdu pour ce né-moldu aujourd’hui disparu dans la nature. Alors Fawkes Senior se réfugie dans son travail, terrassé de voir qu’il ne peut rendre heureuse sa propre femme. Sans doute l’une des raisons qui pousse Asaël à ne pas s’attacher. Ce n’est pas toujours réciproque, putain. « Tu crois qu’il faudrait l’amener à l’hôpital ? » Il secoue la tête. « Non. Elle aura juste une grosse gueule de bois demain, et on ne lui donnera pas le remède. » « Hein ?! Pourquoi ?? » Asaël tourne sa tête vers sa jumelle, hausse un sourcil. « Parce qu’elle fait chier tout le monde ». C’est à son tour de secouer la tête, toujours époustouflée par le manque d’empathie de son jumeau. C’est à sauter dans un nid d’acromantules.

Il n’a aucune idée de pourquoi il est ici. Enfin. Plus ou moins. On lui a pourtant dit plusieurs fois de ne pas venir ici. Il se sent tel un gamin qui enfreint les règles. Mais sa passion pour l’inconnu, son envie de tout connaître, d’apprendre toujours plus le prend jusqu’aux trippes, lui déchire les entrailles, lui brouillent la vision. Alors il est là, dans cette clairière aux ombres étranges. Dans sa main, il a son appareil photo moldu, insolite objet qui lui procure pourtant satisfaction. Cette fascination d’images immobiles. Le ciel est noir aujourd’hui, la lune pleine et les étoiles par millier. Tout ça, c’est pas humain. L’astronomie, matière favorite quand il était encore en Ecosse. Il sourit. Son objectif visé vers le ciel, il se perd dans la contemplation de l’éternel. Chose idiote que de maintenir cette propriété privée, le ciel est parfait. Et c’est là qu’il l’entend. Ce bruit étrange, ce bruissement de fourré. Cette haleine fétide, ce râle sourd. Son corps se crispe, sa mâchoire se serre. Merde. Doucement, sa tête se tourne, et ses yeux rencontrent deux globes jaunes. Jaunes et blancs. Il est pétrifié. Peut-être que finalement, il aurait du écouter les avertissements. Et puis, tout s’enchaine. Tellement vite qu’il peut à peine reprendre son souffle. Le cri qui commence, le hurlement qui suit, à vous déchirer les tympans. Il a l’impression d’être en dehors de son corps. Il voit plus qu’il ne ressent. Cette masse poilue et affreuse s’élancer vers lui, cette odeur qu’il reconnait trop bien le propulser dans l’horreur absolu de son geste. L’instant d’après, il se voit trébucher sur le côté alors qu’elle se place devant elle. Elle, cet être pourtant si fragile, toujours à venir chercher secours chez lui, dans ses bras. Elle qui se place entre lui et cette chose. Elle, qui s’écroule, qui hurle de douleur. Et lui, lui il est incapable de bouger un membre. À quatre pattes par terre. Il observe la scène se dérouler aux ralentis. Il voudrait crier, hurler, remonter le temps. Mais rien y fait, il est incapable du moindre mouvement. Son pire cauchemar est face à lui. Le trou noir. Son visage blanc le ramène à la réalité. Et il hurle à son tour. La bête partie depuis longtemps. « Racheeeeeeeeel ».

Il s’en veut. Il a perdu tout goût de vivre pour lui. Il n’a plus qu’une envie, découvrir un antidote. On lui a répété des centaines de fois que si il y en avait un, on l’aurait déjà trouvé. Mais il persiste. Il perd du poids, perd des couleurs. Il n’est qu’ombre. Parce que tout ça, c’est sa faute. Sa faute si sa mère est aujourd’hui dans un hôpital psychiatrique après son effondrement. Sa faute si son père est parti à l’autre bout du monde pour travail. Sa faute si leur maison est aujourd’hui à l’abandon. Sa faute si il ne la voit plus. Sa faute si elle a disparu. Sa faute si sa soeur s’est fait mordre. Sa faute si sa jumelle est détruite. La sienne, rien que la sienne.