where shall we meet again ? (ft. attila)

Dehors, il y a le soleil qui, gouailleur, vomit sa lumière sur l’herbe fraîche, avalant les dernières gouttes de rosée qui y traînent. Vi est déjà debout. Elle n’a pas dormi de la nuit. Elle a son balai dans la main et ses cheveux qui traînent dans le dos.  Lorsqu’elle se traîne dans les couloirs, elle rencontre un type déjà plongé dans un grimoire trop gros pour un cerveau humain normalement constitué. Elle soupçonne le diamant levé tôt pour préparer un examen. Un examen qui aura lieu dans 5 semaines. C’est bien le genre de la maison. Elle glousse un peu, il lève la tête et la regarde fixement. « Hm ? T’as quoi ? » Vi aboie. Le pauvret referme son livre et s’enfuit en direction de la bibliothèque. Elle ne sait pas trop pourquoi elle traîne autant, elle est pourtant fichtrement impatiente d’enfourcher son balai et d’arpenter le terrain vide. Elle claque la langue sur son palais et accélère le pas. Les sourcils sont froncés, elle agite ses bras, comme s’ils allaient l’aider à avancer plus vite.
(…)
Le vent lui gifle le visage. Hilare, elle fait des tours. Et des tours. Et des tours. Elle rit, le vent emporte les échos plus loin, les ramène à ses oreilles. Elle est sur son balai et personne ne peut l’arracher d’ici. Personne. Sauf peut-être elle-même. Imprudente aux cheveux colorés, elle se prend une bourrasque un peu trop violente et la crinière vient lui barrer les yeux. Elle manque de s’étouffer avec ses mèches bleutées. Ça lui brûle la gorge d’aspirer l’air à cause de la surprise –le mouvement incontrôlé, elle se prend le vide dans la tronche et perd tous ses moyens. Alors elle se cramponne au manche à balai avec ses doigts de souris et pousse un cri ridicule. Et dans la pelouse, elle se plante, comme une mauvaise herbe ramenée par le vent.
En boucle, elle se répète qu’elle a pas mal. Elle ne voit pas la silhouette qui s’est reculée brusquement quand elle est tombée. Elle se caresse le coude et tout va bien. Elle sort sa baguette et … elle oublie quel sortilège. C’est quoi déjà ? Elle se gratte les cheveux. Elle ne sent pas l’ombre l’envahir, quelqu’un qui bouge à côté d’elle. Elle veut juste arrêter la douleur –parce que ça fait sacrément mal, encore plus que les battements de son cœur ces derniers temps. Elle serre les dents. Elle sent des yeux, sur elle, ou sur son balai, ou juste autour d’elle. Elle se lève brusquement. « Je vais très bien. J’ai juste besoin d’un pansement. » elle se couvre le bras. Elle prend son balai. Elle regarde la créature qui se tient devant elle –oui, pour Vi, tous les sorciers qui l’entourent sont des créatures. Puis elle sourit comme une imbécile. Les iris céruléens qui réchauffent les cœurs, la crinière argentée jalousés du soleil, les lèvres purpurines sur lesquelles elle peut deviner un sourire retenu. Ou dissimulé.  Elle lui tend son bras ensanglanté, elle ne pense pas tant au fait d’être fort peu présentable, la sauvage avec ses traces de poussière sur les joues et le bout du nez –des peintures de guerre qui se dessinent de par elles-mêmes à chaque chute que fait l’iridescente Vi. « J’ai mal. Je me souviens plus du sort. » elle dit maladroitement en haussant les épaules. Est-ce qu’elle devrait emprunter un langage plus châtié lorsqu’elle s’adresse à la jolie ? Elle ne sait pas trop, elle a juste un peu trop mal pour penser à ménager les gens. De toute façon, Vi ne ménage jamais les gens. « Tu veux pas m’aider, dis ? » elle fait la moue. L’occasion d’échanger un peu avec Attila. Elle est jolie Atti avec sa chevelure liliale et ses lèvres roses-bonbons.

fiche (c) AMIANTE