A woman has to live her life, or live to repent not having lived it. (leo)

Pseudo/prénom + Sophie, aussi connue comme shoppie ou Thucydide.    Âge + répondre ici. Un mot sur le forum ? Je suis vraiment tombée sous le charme. Ca fait longtemps que je me suis pas inscrite sur un RPG. Vous avez réussi à me faire craquer, bravo !      Personnage + Inventé. Un dernier mot ?     (je suis inspirée ce soir)

« Plus tard je veux être chasseur d'étoiles. »
« Tssss, c'est pas possible ça... »
« Mais si ! Leo m'a dit que... »
« Ah évidemment, si la grande et vénérée Leo a dit. »
« Tu sais que je suis juste là crétin ? »

Etendus dans le jardin de la maison les trois derniers de la famille Arès s'adonaient à leurs occupations favorites : regarder les étoiles et se chamailler pour des raisons toutes aussi loufoques les unes que les autres. Leonora, quatorze ans, l'unique fille de la fratrie, se tenait entre deux de ses frères : Luis, à la fois chouchou et souffre-douleur de ses aînés, et Joaquin, terreur du quartier. Ils profitaient d'une énième soirée d'été, alors que leurs parents étaient déjà allés se coucher. Le couple de médicomages avait évidemment fixé un couvre-feu, en vain. A peine étaient ils endormis, que les trois têtes brunes quittaient sur la pointe des pieds leurs chambres respectives pour organiser un pow-wow dans la quiétude du jardin.

Inutile de préciser que l'envie - le besoin vital même - de désobéir était commun à tous les enfants Arès. Même Luis, du haut de ses cinq ans, donnait déjà du fil à retordre à ses parents. Quant aux deux autres, ils avaient appris à maîtriser l'art de se rebeller tout en enjolant leurs parents pour éviter de trop grosses punitions. A vrai dire, du moment que leurs enfants obtenaient de bons résultats à l'école, et ne mettaient pas le feu à la maison, les parents étaient ravis. Beaucoup de langues de vipère les considéraient trop permissifs, mais cela les faisait rire.  

La famille Arès était heureuse, et vivait comme bon lui semblait. C'était aussi simple que ça.

« Ouuh, désolé. Je t'ai blessé ? Platon ne t'a jamais dit que la susceptibilité était un défaut ? »
« Tu te renouvelles pas mon vieux. »
« Dit celle qui a deux ans de plus que moi. Belle répartie. Je suis honoré d'avoir un adversaire à ma hauteur... Non mais non, PAS DE VIOLENCE ! »

Leonora leva les yeux au ciel face à la théatralité de son frère. Elle venait juste de lui donner une petite tape sur la tête. Quel homme fort et mature !  

« Sérieusement, vous êtes pas capables de passer une soirée sans vous disputer ? »
« Mais, serait-ce le grand et magnifique Ernesto ? Tu daignes enfin te joindre à nous ? »

Ah, il ne manquait plus que lui pour faire un tableau parfait. Leonora adressa un grand sourire au nouveau venu, qui s'allongea aux côtés de ses cadets. Ernesto était l'aîné de cette fratrie flamboyante. Ce jeune homme était celui qui avait instauré toutes les règles et traditions que les enfants Arès appliquaient.

« Désolé d'avoir une vie. Contrairement à vous loosers, j'avais un rendez-vous. »
« Un rendez-vous ? »
« Ca s'est sûrement mal passé si tu es déjà là. »
« Oh ? Je vais enfin avoir un neveu ? »
« Vous allez enfin me dire comment on fait les bébés ? » 
« Alors c'est très simple, tu vois Maman et Papa... »
« JOAQUIN ! » S'exclamèrent Ernesto et Leonora d'une même voix.

L'interpellé se lança dans un nouveau monologue théâtral, affirmant qu'il était brimé par ses aînés, tandis que Luis laissait entendre son rire cristallin. Les deux aînés échangèrent un regard consterné, avant de continuer à taquiner Joaquin. Malgré des chamailleries incessantes, Leonora savait bien qu'elle n'aurait échangé ce petit havre de paix - temporaire - contre rien au monde.



Ma chère fille,

J’ai longtemps hésité à t’envoyer une Beuglante, mais ton père m’a dit que ça ne ferait que t’éloigner un peu plus. Il n’a pas tort. Mais, comment pourrais-tu aller encore plus loin ? J’ai déjà l’impression que tu es dans un autre monde. Pourtant, seul un océan nous sépare, et ce n’est pas tant que ça. Luis dit que ça pourrait être pire, étant donné qu’il est persuadé que tu es capable de décrocher les étoiles.

Pourquoi as-tu décidé de t’exiler en Irlande ? Ce pays me semble trop petit pour ta personnalité explosive ; trop humide aussi selon Joaquin. Pourquoi as-tu eu besoin de partir aussi loin ? Sans aucun projet précis !!! Hier encore, j'ai échangé quelques mots avec ton professeur de littérature sorcière. Il semble aussi désespéré que moi, si ce n'est plus. A ses yeux, tu es un esprit brillant. Il n'a jamais rencontré une jeune femme de dix-neuf aussi intelligente que toi. Il n'a pas tort... Il aurait aimé que tu termines ton cursus à l'université, avant de t'envoler vers des contrées aussi éloignées, comme font beaucoup de sorciers. Mais tu t'aimes pas faire comme tout le monde, n'est-ce pas ? Tu es une Arès.

Ernesto dit que l'Irlande n'est sûrement qu'une première étape pour toi. Il te voit déjà faire un véritable tour du monde. Honnêtement, cela m'inquiète. Je suis une mère. Je sais que des âmes mauvaises croiseront ta route. Je ne peux pas te protéger de tous les ennuis qui surgiront dans ton périple. Mais d'un autre côté, j'arrive presque à le comprendre. Un esprit tel que le tien a besoin d'inconnu, de frissons, de découvertes.  

Prends soin de toi Leo. Apprends ; découvre ; vis de belles aventures. Mais surtout, reviens vite nous les raconter. Envoie nous régulièrement des courriers.  

N'oublie pas que nous t'aimons.



Leonora replia la lettre et la glissa dans sa poche. Cette lettre pleine de contradictions était la meilleure façon que sa mère pouvait trouver pour lui dire "vas-y, je te fais confiance". Elle essuya du bout d'un doigt une larme qui avait daigné couler le long de sa joue droite, puis poussa un profond soupir.

(...)



« C’est terminé Leonora. » Confortablement assise sur le canapé du salon, un livre ouvert sur ses genoux, la brune n’avait pas vu le coup venir. Elle profitait d’un instant de calme dans leur appartement bostonien. Rafael dormait à poings fermés, bercée par une quiétude propre aux enfants. L’occasion rêvée pour se plonger pour la énième dans un de ces classiques qu’elle affectionne tant. Occasion rêvée qui venait d’être abattue sans aucune pitié par une phrase assassine.

Elle fronça aussitôt les sourcils et se tourna vers son mari. Il n’avait même pas été capable de déclencher les hostilités en lui faisant face. « Comment ? Qu’est-ce que tu racontes ch… » Le surnom affectueux resta bloqué au fond de sa gorge à cause de la mine sombre de son conjoint. « Nous. C’est terminé. Je ne veux plus jamais te revoir. Pars avec ton fils. Je te ferai parvenir les papiers. » En une fraction de seconde, Leonora était debout, prête à faire face à cet étranger qui ne ressemblait en rien à l'homme qu'elle avait épousé ; non plus à l'homme pour lequel elle avait accepté de se sédentariser ; et encore moins à l'homme qui l'avait demandé en mariage à Rome alors qu'ils venaient de se faire arrêter pour ivresse sur la voie publique par des policiers moldus.

Elle ne pouvait pas dire qu'elle n'avait pas vu ce moment arriver. Cela faisait longtemps qu'elle avait appris à vivre avec les regards réprobatteurs de ses beaux-parents. Elle avait noté - avec amertume - lors de la dernière réunion de famille qu'aucun proche de Samuel avait daigné prendre Rafael dans ses bras. Après avoir été considérée comme une pestiférée par ces sorciers, c'était à présent le tour de son fils, de leur fils. Pourtant, elle avait voulu y croire. Elle avait voulu croire en leur amour, en leur histoire plutôt jolie, en leur volonté de construire quelque chose. Elle avait imaginé que si un jour ils en arrivaient à se quitter, ça serait à cause d'une lassitude mutuelle, ou bien d'un faux pas commis par l'un d'eux, et non pas à cause d'une stupide histoire de sang. Samuel était plus moderne que ses parents. Elle en était persuadée.

Les deux amoureux - ex-amoureux ? - se faisaient dorénavant face. Leonora essayait de percer le regard de son conjoint, de comprendre par un quelconque moyen ce qui se passait dans sa tête. Elle voulait s'énerver, le remuer, le frapper, lui lancer les sortilèges les plus horribles qu'elle connaissait, mais c'est d'une voix fragile qu'elle parla enfin. « Mon fils ? C'est notre fils Sam... Et puis qu'est-ce que tu racontes ? Non. Non. Ca ne peut pas être terminé. Tu plaisantes ? » Elle ne cessait de passer et repasser ses mains dans sa longue chevelure brune. Leonora n'aimait pas laisser transparaître ses faiblesses.   

(...)