(caesar) undisclosed desires

Pseudo/prénom + TIGRE./Julie. Âge + Dix-neuf ans, plus pour bien longtemps. Un mot sur le forum ? Il est sublime    Personnage + Inventé. Un dernier mot ?  

Les volutes de fumée s'échappent lentement de ses lèvres, alors qu'il fixe les étoiles d'un air pensif. Le brouhaha qui l'entoure ne semble qu'illusoire, bien trop lointain pour troubler la rare tranquillité qui l'habitude. Apaisé, ses paupières restent closes un instant, et il se laisse peu à peu gagner par un délicieux engourdissement. Le feu qui sommeille en lui ne cesse pas de brûler, jamais, mais il se tait quelques heures afin de lui permettre enfin de respirer. Lorsqu'il ouvre de nouveau les yeux, ses prunelles balaient rapidement la vaste étendue d'eau sombre qui se déroule à ses pieds, se perdent dans les méandres des vagues de l'océan déchainé. Il a oublié le nom de l'endroit où il se trouve. Cap quelque chose. Ou peut-être pas. Une ville bordant l'atlantique, en France, un pays qu'il découvre et apprend à aimer un peu plus chaque jour un peu plus en arpentant ses routes interminables. Des kilomètres, il en a parcouru des centaines au cours de ces deux dernières années. Des contrées froides du Danemark aux plaines espagnoles trop arides à son goût, il se délecte des paysages européens, jouissant d'une liberté depuis bien longtemps convoitée. Deux ans qu'il a quitté les Etats-Unis sur un coup de tête, qu'il a eu avec les siens l'ultime engueulade, celle qui l'a définitivement convaincu que la voie toute tracée par son père ne lui convenait pas. S'il a toujours été connu pour ses coups de sang et ses répliques insolentes, son départ fracassant s'impose toujours à son esprit, le tourmente alors qu'il mûrit, un peu. Il ne l'avouera jamais, mais il regrette d'avoir blessé, d'avoir trahi leur maigre confiance. Celle de son père, de sa mère, puis de ses soeurs qu'il réalise avoir abandonné, par pur égoïsme, sur le coup d'un caprice. Petit prince obnubilé par sa personne, trop obsédé par ses désirs de rébellion pour se rendre compte qu'il fait des ravages autour de lui. Ah, il fait moins le fier désormais. Il n'a plus un sou en poche, Caesar, il a gaspillé toutes les pièces d'or qu'il a pu emporter avec lui en s'enfuyant lâchement. Son père refusera de financer de nouveau ses escapades, ses caprices d'adolescent, comme il aime les appeler. La vaste demeure familiale, la fortune des Dwight lui semblent bien loin, maintenant qu'il s'est érigé en traître insoumis, en pseudo rebelle. Silencieusement, il hume la fumée, tire encore une fois sur le joint. Autour de lui, les discussions s'animent, mais il ne leur prête pas grande attention. Si son français semble moins désastreux qu'à Salem, il ne maîtrise pas encore toutes les subtilités de la langue, et se perd dans les débats que ses compagnons de route lancent. Tous de jeunes sorciers un peu paumés, à son image, des voyageurs éphémères qu'il croise et dont il se sépare tout aussi vite, lorsque leur chemin s'éloignent. Cette existence ne lui convient plus, il le sent. Il soufflera sa vingtième bougie dans à peine quelques jours, et réalise que tout cela ne peut plus durer. Ses conneries, ses caprices, ses pulsions. Son arrogance aveugle, cet excès de confiance en lui qui l'a poussé à croire qu'il n'était pas dépendant d'eux. Il l'est, Caesar, ils lui manquent. Les siens, ceux qui l'ont élevé, lui ont inculqué des valeurs bien vite oubliées. Son voyage touche à sa fin, et il parvient difficilement à profiter de ses derniers instants de liberté. Au moins, les épais volutes de fumée l'aident à se détendre, à calmer l'hyperactivité qui s'empare de lui à chaque fois qu'il ouvre les yeux. « Caesar ? ». La voix légère et féminine résonne à ses oreilles, et l'accent français le tire brutalement de ses pensées. Il sursaute et la toise un instant sans aucune agressivité, probablement capturé par les effets du joint roulé. Gabrielle, elle s'appelle. Le minois doux encadré par de longues mèches brunes l'envoûte un instant, et ses yeux effleurent les lèvres dont il s'est si souvent emparé, ces derniers temps. Leur relation n'est qu'éphémère, ils l'ont toujours su, mais ils partagent pourtant une complicité tendre qu'il n'a jamais connu auparavant. Oh, il n'est pas amoureux d'elle, loin de la. Elle semble réelle, mais ne sera bientôt plus qu'un lointain souvenir. Un instant gravé dans sa mémoire, étroitement lié à un passé qui le marquera à jamais. « Arrête un peu de te prendre la tête ». Elle sourit légèrement, capture ses prunelles bleutées avant de s'emparer de sa main. « Juste, profite ».


« Putain de bordel de merde ». Il lâche furieusement, crie sa rage au beau milieu des couloirs de l'académie. Les veines ornant son front se gonflent, alors qu'il martèle les pavés, s'éloigne de la foule sans accorder la moindre attention à ceux qui l'entourent. Plusieurs fois, il manque de heurter des étudiants, bouscule de ses larges épaules des élèves visiblement déconcertés. La plupart finissent par s'éloigner de l'animal déchainé, prennent leur distance avec le possédé. Enfermé dans sa bulle d'un rouge sanguin, il laisse exploser sa fureur, passe pour un dégénéré, mais s'en fiche royalement. Elle a disparu. Envolée, évaporée comme une chimère, emportant avec elle le peu de sensibilité qu'il possédait. Des jours qu'il la cherche, qu'il parcourt les foules de ses prunelles inquisitrices, qu'il guette le moindre reflet de ses longs cheveux bruns parfumés. Des jours qu'il tait son anxiété, qu'il campe devant le bâtiment des diamants, qu'il harcèle d'une manière incontrôlée tous ceux qui peuvent la connaître de près ou de loin. Pas une seule seconde, il n'a cessé de la chercher. Si jusqu'ici, il est parvenu à contenir la rage folle et menaçante, il se met soudainement à exploser. Introuvable. Personne ne sait où est Rachel. Lorsqu'il demande sèchement, ils hochent les épaules, grimacent, ne semblent pas mesurer l'ampleur de la situation. Tous des imbéciles égoïstes imbus de leur personne, incapables de comprendre son angoisse, et encore moins de la partager. Pourtant, une personne s'est attachée à le suivre dans son incessante course. Lorsque la main l'agrippe, se pose sur son avant-bras, il se retourne furieusement. « Mec, te tire pas comme ça. On va la retrouver, j'te dis. Elle est peut-être partie en vacances, ou quelque chose comme ça ». Le jeune homme qu'il connait si bien, le meilleur de ses amis le fixe, et pourtant, le visage familier ne parvient pas à apaiser ses nerfs tendus. Lui non plus ne semble pas mesurer la gravité de la situation, ne semble pas réaliser qu'elle n'est plus la. Pendant l'été, le rubis s'est étonné de n'avoir aucune nouvelle de Rachel. Blessé, vexé, il a préféré ne pas penser au pire, et a contenu son impatience fulgurante jusqu'à la rentrée scolaire. Mais rien, toujours rien. Pas de Rachel à Shafiq, et personne capable de lui donner une seule foutue réponse. Caesar a l'impression de devenir dingue, de se laisser de nouveau dominer par les démons fougueux qu'il était presque parvenu à canaliser. « Ta gueule, sérieux, tu comprends rien. On peut pas disparaître comme ça. Du jour au lendemain, sans donner de nouvelles. Comme si tous ceux qui restaient derrière n'était que de vulgaires déchets ». Il s'emporte, Caesar, balance soudainement son poing dans le mur de pierre, et ignore la douleur sanglante. Il n'accepte pas cette disparition, se refuse à admettre qu'il peut s'agir d'une décision. Qu'elle a pu partir, comme ça. Le quitter, lui, puis les autres, aussi. Ses amis, ceux qui s'inquiètent aussi, peut-être un peu moins, mais tout de même. Elle n'a pas pu faire ça. Dans sa colère, le jeune homme oublie que prendre la fuite a un moment été l'une de ses spécialités. Ses deux ans en europe alors qu'il n'avait même pas vingt ans, ses décisions foireuses et égoïstes, il les met de côté, refuse de se les remémorer. Il ne pense qu'à elle, après tout. À quoi bon s'accrocher aux gens, leur accorder une véritable confiance s'ils se mettent à disparaître lorsque l'on tombe amoureux d'eux. Impuissant, le rubis finit par s'épuiser, et par s'adosser au mur glacé. Le souffle coupé, il toise un instant son ami, et laisse s'échapper un sentiment tout autre. La tristesse, la rage désespérée de celui qui perd pied, ne contrôle plus la tournure des évènements. Son poing blessé n'a aucune importance, face au drame qu'il croit vivre. Il croit l'avoir perdue, elle, la seule. Il ignore où elle se trouve, mais il sent qu'elle ne reviendra pas. Qu'elle a ses raisons, peut-être. L'impulsif laisse ses démons s'emparer de nouveau de son être, il lâche prise. Songe à fuir encore, mais se résigne. Il lui faudra apprendre à vivre avec cette colère, cette déception intense causée par la disparition de celle qu'il a aimé. Il s'en remettra, un jour, il l'oubliera. C'est ce qu'il croit, du moins.