jeune et con. (tyler)

Pseudo/prénom + sinou/isciane. Âge + douze petites années. Un mot sur le forum ? merci à cass, ma grande soeur pour me l'avoir fait découvrir !   . Personnage + inventé  Un dernier mot ? je vous aimes déjà  

T'as l'air triste, gamin, assis dans ton coin. Juste là, tapis dans le coin d'une bibliothèque poussiéreuse, recroquevillé sur toi-même à la façon d'un enfant se protégeant des bombes, tu découvrais les plus belles peintures que tu n'avais jamais vues. Un livre d'art à la main, les pupilles encore toutes frémissante d'envie et de respect, tu t'imaginais déjà à la place de ces artistes dans une dizaine d'années. Une nouvelle vie s'offre à toi, tu n'y croyais pas réellement, c'était trop beau pour être vrai. Tu as toujours été différent. Exclu. Comme si toi, tu n'avais pas eu le droit à une seconde chance.      
Assis dans ton coin tu pensais. Tu pensais à tout ce qui avait fait construire l'homme que tu es aujourd'hui.

Tu pensais à ta mère, qui t'avait laissé trop tôt. Non, elle n'était pas morte, juste trop absente. T'avais seulement douze ans quand elle est partie.  7867 kilomètres te séparaient d'elle. 7867 kilomètres qui te pourrissaient la vie. La France. Tu as eu la chance de voir la Tour Eiffel qu'une seule fois, qui n'était largement pas assez à ton gout. Tu aimais beaucoup Paris, bien que quelques années auparavant, tu n'y aurais même pas jeté un seul œil. Aujourd'hui à tes yeux il y avait tant de choses à voir, tant de choses à découvrir.

Puis, ta pensée se dirigea vers ton père. Un père qui lui était trop présent à ton gout. Seulement quelques kilomètres te séparaient de lui, et tu aurais préféré que ce soit 7867 au lieu de cinq ou six. Tu n'aimais pas ton père. Lui non plus ne t'appréciais pas. Il lui est déjà arrivé de t'emmener dans la cave, et de te battre jusqu'à ce que tu lui supplies d'arrêter. Six ans. Pendant six ans tu as vécu une sorte d'enfer en continu. Alors toi, tu te barrais, t'allais à l'école, et tu ne revenais pas. Tu restais sur le parking à ne rien faire pendant des heures juste pour lui échapper, et quand tu te décidais à enfin revenir, tu évitais tout contact, tout regard, toutes paroles avec ce gars qui te servait de père.

Tu pensais à l’année de tes quinze ans. Une année que tu aurais préféré oublier. T’en avais juste vendu à un seul gars, et t’avais fini trois mois dans un centre de détention pour mineur. Un seul paquet de cette foutu drogue. Tout ça à cause d’un mec dont tu souhaitais que du malheur, personne ne devrait le fréquenter. Un con. Il t’avait presque forcé à la vendre. Au final, lui, il avait rien eu, il s’en était sorti comme si de rien était. Comme si il n’avait rien avoir avec tout ça. Sans rien. Il était plus âgé. Deux ans de plus que toi. Deux ans qui lui faisait croire qu’il était le plus fort.

Tu pensais aussi au peu de magie que tu avais pratiqué ces quelques années. Bien que tu gardes tout le temps ta baguette sur toi, il était assez rare que tu la sortes. Mais depuis ton intégration à Shafiq, tu emplois de plus en plus l'art de la magie.  Un art qui se doit d'être délicat. Tu aimes faire des mouvements gracieux quand tu utilises ta baguette, tu n'es pas artiste pour rien. Oui. Tu es un artiste. Tu as rejoint le cursus artistique en début d'année, et d'ailleurs, tu ne veux pas en rejoindre un autre. Tu es en majorité avec des personnes d'un an de moins que toi, mais tu t'en fous. Tu ne parles à presque personne, et les quelques paroles que tu adresses aux autres c'est pour demander une gomme ou un taille-crayons.

Tu penses aux regards des autres sur toi, les nombreux regards qui veulent tous dire la même chose. « Pourquoi t'es là ? Pourquoi tu restes ? »  La réponse est simple. Parce que tu aimes faire ce que tu fais. Les coups de crayons sur une feuille. Des gribouillis qui ne veulent rien dire, mais qui ont une grande signification pour toi. Les courbes que tu formes sur le calepin ou les couleurs que tu dispache un peu partout sur la toile vierge. C'est ça l'art pour toi : c'est laisser parler ses émotions, c'est se dévoiler au travers d'un dessin, d'une peinture, d'une musique, ou même au travers des mots.

Tu penses à tout ça en même temps, toutes ces choses qui font de toi quelqu'un. Qui font de toi Tyler Vandewaal. T'es assis dans ton coin, l'air de rien, mais tu penses à tout.